Alexandre Roubtzoff nait le 24 janvier 1884 à Saint-Pétersbourg.

Il obtient en novembre 1912 le Grand Prix de Peinture de l'Académie Impériale des Beaux-arts de Saint-Pétersbourg avec une peinture d'intérieur aujourd'hui au musée de l’Ermitage. Ce Grand Prix se concrétise par l’obtention d’une bourse durant 4 ans. Cette bourse lui permet de voyager et de visiter des pays de son choix. En contre- partie il ne doit plus revenir en Russie qu’à la fin d'une certaine période, avec obligation d'organiser une exposition de toutes ses œuvres à l’Académie Impériale. Son premier voyage, en 1913, est en Espagne. Son séjour en Andalousie le fascine à tel point qu’il voulait aller à la découverte de la lumière. Lors d’un court séjour au Maroc, à Tanger il découvre l’Orient. C’est là qu’on lui conseille de se rendre en Tunisie pour découvrir cette fameuse lumière. Pour ses 30 ans, il arrive donc en Tunisie le 1er avril 1914, peu de jours avant August Macke et Paul Klee. Il habite au 33 de la rue Al Djazira à Tunis, sans tarder il part explorer les lieux, les sites et bien sûr le Sud. Ses pérégrinations lui permrettent de découvrir tout le Maghreb, la France et certains pays d’Europe. Les terribles évènements de la révolution bolchévique firent qu’il ne reverra plus jamais son pays d’origine. « Venu en Tunisie pour un court séjour, il y passe tout le reste de sa vie ». Il obtient la nationalité française en 1924 et dès lors il se présente comme Français né en Russie.

Roubtzoff explore et suit la voie de la peinture «ethnographique». Il était ami avec le baron Rodolphe d’Erlanger de Sidi Bou Saïd. Il se hisse au rang de peintre officiel de la Tunisie, ce qui lui vaut, l'attribution de la décoration honorifique du Nichan-Iftikhar en 1920. Il fréquente l’Institut de Carthage et réalise des portraits mondains qui lui ouvrent les portes de la haute société coloniale. Il réalise des paysages postimpressionnistes avec une touche élégante qui séduisent autant que les portraits de bédouines choisies au début parmi les modèles du photographe Rudolf Lehnert. Il traite, au travers de sa peinture, des paysages de la Tunisie témoignant de son immense talent et de son attachement pour sa Tunisie. Ces paysages démontrent sa fascination pour la vibration de la lumière, caractéristique qui l’apparentent aux impressionnistes.

Il peint de nombreuses scènes de genre tirées de la vie quotidienne tunisienne faisant de lui un témoin exceptionnel. C'est un artiste singulier et un peintre hors du commun profondément épris de la Tunisie et de sa lumière. Il a une façon remarquable de traiter une lumière particulièrement difficile à appréhender. Au Salon Tunisien de 1920, il expose cent vingt œuvres. Alexandre Fichet le surnomma « le peintre de la lumière ».

Il est le Peintre de la Tunisie par excellence. Il parle 5 langues : russe, français, arabe, espagnol, et italien. Il est mort à Tunis le 26 novembre 1949, il est inhumé au cimetière du Borgel à Tunis.

En 2010, un hommage officiel lui est rendu en Tunisie grâce à la publication par Jacques Pérez d'un livre d'art « La Médina de Tunis et Alexandre Roubtzoff » aux éditions Dunes suivi d'une exposition « Alexandre Roubtzoff et La Médina de Tunis » organisée par le Ministère de la Culture de Tunisie et l'Institut Français de Tunisie, à la Maison des Arts au Belvédère. 48 dessins minutieusement réalisés en 1944, ainsi que quelques toiles, représentatives d’un art jusqu'à ce jour. Roubtzoff, dont les toiles ornent bon nombre de résidences officielles, est aujourd’hui un peintre tunisien très coté sur le marché de l’art. Ses œuvres les plus importantes sont signées et datées en français et en arabe.